EN QUELQUES MOTS…
Trois villages français partagent le même nom. Ils s’appellent Le Favril. Le premier est entre Cambrai et Maubeuge, le second en Normandie et le troisième, celui qui nous intéresse, se trouve en Eure-et-Loir, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Chartres.
Situation et environnement
Actuellement, « notre » Favril est situé en région Centre-Val de Loire. Mais, pour employer le vocabulaire des anciennes provinces, il se trouve exactement à la frontière entre les grandes plaines céréalières de la Beauce et les collines bocagères du Perche. Et comme tel, il en partage les deux caractéristiques opposées, en offrant un paysage mêlé de forêts et de champs.
Sur une superficie totale de 2 340 hectares, seul un millier d’hectares est consacré aux terres labourables, la majorité de sa surface étant couverte par les bois et l’importante forêt domaniale de Montécot. On comprend donc clairement que, pendant des siècles, la commune ait eu une double vocation agricole et forestière. En parodiant Sully, on pourrait dire que « Labourage et forestage ont été les deux mamelles du Favril » !
Évolution de la commune
La plus ancienne mention du nom Favril remonte à l’an 1100.
Pourtant, l’archéologie nous prouve que les ancêtres des Favrilois étaient déjà là. La présence d’un menhir en témoigne. Mais surtout le fait que le village soit bordé au nord par deux importantes voies de communication : la rivière Eure ainsi qu’une ancienne voie romaine.
Au fil des siècles, le village s’est lentement développé sous la forme d’une nébuleuse d’une trentaine de hameaux isolés, le cultivateur souhaitant toujours vivre au plus près de ses champs et le forestier de ses forêts. Sa superficie est ainsi devenue très étendue. À preuve, Le Favril couvre environ une fois et demie la taille de Chartres intra-muros (2 340 hectares contre seulement 1 685 pour Chartres).
Le village-nébuleuse
Si dans un premier temps, la nature des sols détermine les occupations et donc ce peuplement dispersé, on aurait pu imaginer que les deux grands pouvoirs de l’Ancien Régime, l’église et le château, auraient pu structurer le village. Il aurait normalement dû se créer un bourg, porteur de commerces et servant de centre à cette nébuleuse de hameaux. Il n’en a rien été.
Malgré la présence d’une église paroissiale, dès 1250, et d’un petit manoir seigneurial, le bourg proprement dit n’a jamais réuni plus d’une trentaine de feux et ne s’est jamais développé. Et lorsque le village est passé au 17e siècle sous la seigneurie de la puissante famille d’Aligre, celle-ci a préféré construire son château de La Rivière à l’écart du village. Même si Le Favril-église a donné son nom à l’ensemble de la commune, ce n’est qu’un hameau périphérique parmi les autres.
Après la Révolution, lorsqu’on institua les deux grands pouvoirs républicains que sont l’école et la Mairie, le problème du centre s’est trouvé à nouveau posé. Et il a été résolu en construisant un bâtiment mixte, abritant l’école et la Mairie, effectivement situé au centre de tous les hameaux, mais bâti strictement… au milieu de rien. En plein champ !
Finalement, Le Favril ressemble à un curieux système solaire où les planètes seraient des hameaux et le centre un unique bâtiment !
Les patrimoines
En dépit de cette carence structurelle, Le Favril possède d’intéressants éléments patrimoniaux.
Richement dotée par les Aligre, l’église conserve de beaux éléments qui rappellent les jolies églises du Perche. Les deux châteaux des Aligre, l’originel et un second tardivement construit au 19e siècle, méritent le coup d’œil. Enfin, plus subtilement, les fermes et l’habitat rural en général, qui datent souvent du 18e et du 19e siècle, ont conservé un charme certain, qui se combine agréablement avec un paysage fait de mares et de bois.
Favriloises et Favrilois
L’Histoire et l’étude du patrimoine ne sont rien, s’ils ne sont pas complétés par l’évocation des générations d’habitants qui ont lentement façonné ce terroir. Les archives communales et départementales, souvent très riches, ont ainsi permis d’éclairer de nombreux moments de la vie quotidienne d’antan.
Car la vie d’un village, c’est l’histoire de ses fêtes, de ses petits métiers et de ses traditions, mais aussi de ce long chemin qui mène vers la modernité. Se souvient-on encore de ce qui paraît si évident, comme l’arrivée de l’école publique, du chemin de fer, de l’électricité, des premières routes goudronnées, de l’eau courante, de la TSF ou aujourd’hui d’Internet ? N’oublie-t-on pas trop facilement ces grandes ruptures causées par les guerres ou la mécanisation de l’agriculture, qui ont totalement bouleversé le monde paysan ?
En un siècle, Le Favril, comme toutes les communes rurales, a plus évolué que durant tout le millénaire précédent. Par chance, nos grands anciens sont toujours là. C’est grâce à eux, grâce à leurs anecdotes, qu’a pu naître l’ouvrage Le Favril, qui en restitue à la fois la grande Histoire ainsi que le souvenir des anecdotes et des histoires de ceux qui ont fait le village.
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D’OÙ VIENT CE NOM ?
L’origine du mot Favril est toujours l’objet d’un débat entre les spécialistes.
Pour les uns, il viendrait de faverolles ou « petite fèves », que l’on y aurait cultivées autrefois. À l’appui de cette thèse, on cite les nombreuses chartes du Moyen-âge, quand la langue n’était pas encore fixée, où le village est mentionné sous les noms de Faverillum, Faverilium, Le Fabvril, Le Faveril, puis, enfin Le Favril.
Mais, pour d’autres, il pourrait venir du latin fabrilis « la forge ». Faverillum désignerait alors « le lieu de la forge », ce qui serait confirmé par une très ancienne industrie artisanale du fer, due à la présence de limonite en sous-sol, et, en surface, de bois pour sa cuisson par le charbon de bois.